4 mars 2018 – La disparition des marins de l’Eurydice commémorée sous la pluie

Dimanche matin, sous une pluie battante, s’est déroulée la 48ème cérémonie commémorative de la disparition du sous-marin Eurydice au large de Camarat,  survenue le 4 mars 1970, entraînant par les profondeurs de la Méditerranée 57 marins.  Devant la stèle édifiée dans le jardin du sémaphore de Camarat, en leur mémoire et en celle des marins de l’U 2326, de la Sybille, de la Minerve et de l’Émeraude également disparus au large des côtes varoises, étaient rassemblés : la députée la 4ème circonscription du Var, Sereine Mauborgne, les maires de Ramatuelle et Saint-Tropez, Roland Bruno et Jean-Pierre Tuvéri, le capitaine de frégate Marc Vincent de Paule, représentant l’Escadrille des sous-marins nucléaires d’attaque de Toulon, François Romano, président de l’Amicale locale des anciens marins, de nombreux représentants d’associations de marins et d’anciens combattants accompagnés de leurs fidèles porte-drapeaux et les marins de la SNSM. Quelques membres des familles de marins disparus étaient venus avec des fleurs mais, force est de constater que chaque année, ils sont moins nombreux.

Morts pour la France

Dans son allocution, Roland Bruno, rappelait que les marins morts en mer étaient « des volontaires qui avait d’avance accepté le sacrifice et conclu un pacte avec le danger » et, qu’à ce titre, ils étaient des héros. Sereine Mauborgne, en tant que membre de la commission défense nationale et des forces armées, lui emboîtait le pas : «on se doit d’honorer les morts pour la France, comme nos deux Spahis la semaine dernière et nos cinq pilotes le 2 février dernier mais je voudrais aller au-delà de la commémoration et parler de la considération apportée aux veufs et veuves de ces soldats pour que les réparations du préjudice subi, que la reconnaissance de leur mort pour la France soit factuelle, que les indemnisations des blessés ou morts en entraînement soit identiques aux morts en opération » a-t-elle dit. Jean-Pierre Tuvéri, quant à lui, retraçait en détail les derniers moments de l’Eurydice avant que les participants, trempés, ne se dirigent vers le restaurant le Migon où était servi le verre de l’amitié. 

Discours de M. le Maire de Ramatuelle

Cérémonie commémorative du 48ème anniversaire
de la disparition du sous-marin Eurydice au large de Camarat

 

Dimanche 4 mars 2018, 11 heures 15, Stèle de Camarat

 

Allocution de M. Roland Bruno, Maire de Ramatuelle

 

 

Mesdames et Messieurs,

 

Nous voici rassemblés à nouveau devant cette stèle, dans l’enceinte militaire du sémaphore de Camarat,  aux côtés des familles, pour rendre hommage aux sous-mariniers disparus en mer au large de nos côtes.

 

Les tragédies sous-marines émeuvent.

 

Les dépouilles des marins de l’Eurydice reposent dans les profondeurs de la Méditerranée, au large de nos côtes, tout comme les  126 autres sous-mariniers français, victimes d’une terrible série d’accidents.

 

Le 6 décembre 1946, c’est le sous-marin « U 2326 » qui s’abîme entre Cannes et Toulon. Vingt-deux disparus.

 

Le 24 septembre 1952, le « Sybille » coule au large du cap Camarat : 51 disparus.

 

Le 27 janvier 1968, le « Minerve » plonge et disparait corps et âmes, avec 53 hommes à bord, au large du Cap Sicié. L’épave n’a jamais été localisée, ni aucuns débris retrouvés. Le triste cinquantième anniversaire de cette disparition a été célébré en janvier, à Toulon.

 

Enfin, le 4 mars 1970, l’« Eurydice » sombre, au large du cap Camarat. Cinquante-sept disparus.

 

Seule l’épave de l’« Eurydice » a été retrouvée par 700 mètres de fond, complètement disloquée. Les corps n’ont jamais pu être remontés et la cause exacte du naufrage n’a jamais été clairement ni établie, ni éclaircie. C’est souvent le cas dans ce type d’accident.

 

Plus proche de nous sur l’échelle du temps, on se rappelle le naufrage du Koursk en août 2 000 avec 118 hommes d’équipage. Le sous-marin nucléaire russe ne révélera jamais les raison de son accident

Et, le 15 novembre dernier, le sous-marin Argentin San-Juan disparaissait au large des côtes de la Patagonie, avec 44 marins à bord. Là encore, on ignore les causes exactes de la disparition.

La tragédie est récente et elle pose à nouveau de nombreuses questions qui resteront sans doute sans réponse.

« Des marins sont morts en  mer. Ils étaient des volontaires, c’est-à-dire qu’ils avaient d’avance accepté le sacrifice et ils avaient conclu un pacte avec le danger» a dit le général de Gaulle,  après la disparition du sous-marin Minerve. Par un vibrant discours ils les avaient transformés en héros.

Je crois que c’est ainsi qu’il faut voir les choses.

Je tiens à remercier tous ceux qui, à divers titre, sont présents ce matin, témoins du lien, toujours vif, qui nous unit à la mémoire de ces disparus.

Madame Sereine Mauborgne,  députée du Var,

 

Monsieur Jean-Pierre Tuveri, maire de Saint-Tropez

 

Madame Brigitte Boyenval représentant Madame Anne Marie Waniart, maire de Gassin

 

Le Capitaine de frégate Marc Vincent de Paule,  chef d’état-major représentant le Capitaine de vaisseau Cyril Palfray Aubin de Jaurias,  Commandant de l’Escadrille des Sous-marins Nucléaires d’Attaque, avec laquelle la commune est liée par une promesse solennelle d’amitié.

 

A ce titre l’Escadrille, participe régulièrement aux célébrations patriotiques de Ramatuelle. Le nouveau Commandant  Palfray Aubin de Jaurias nous a fait l’honneur de sa présence aux cérémonies commémoratives du 11 novembre dernier.

Il a remplacé le Capitaine de vaisseau Maloingne,  qui était présent parmi nous le 5 mars dernier.

 

Pour l’Escadrille ces dernières années ont été caractérisées par une forte activité opérationnelle, le développement des échanges avec les marines alliées et la préparation de l’arrivée du sous-marin Suffren,  dans le cadre du programme Barracuda lancé en 1998, qui engage les forces sous-marines françaises pour les cinquante années à venir.

 

Il s’agit désormais pour les marins  de relever les nombreux défis qui se présenteront pour assurer la préparation opérationnelle et technique des équipages des sous-marins nucléaires d’attaque du type Rubis,  mais également pour préparer l’accueil de la nouvelle génération du type Suffren dont la livraison est prévue en 2019.

 

Les marins de l’Escadrille ont en commun avec les hommes qui composaient les équipages des sous-marins  du U 2326, de la Sybille, du Minerve et de l’Eurydicecette volonté de participer à la défense et au développement de notre pays,  d’en défendre ses valeurs au péril de leurs vies.

Je tiens à exprimer ici à nouveau ma profonde reconnaissance envers les marins de l’Escadrille pour leur disponibilité. Malgré leur emploi du temps très chargé, ils sont présents à nos cérémonies et témoignent leur attachement au devoir de mémoire que notre commune s’emploie à faire vivre. Nous sommes très fiers du lien qui nous unit.

Je tiens aussi à remercier le chef de poste du sémaphore Stéphane Soulas et son équipe pour leur accueil et l’entretien régulier du monument.

Les sémaphores assurent en permanence la surveillance des approches maritimes sur près de 2.000 km de côtes et permettent aux autorités compétentes : commandement militaire et Préfet maritime,  de connaitre en temps réel la situation maritime jusqu’à environ 50 nautiques.

Je remercie également de sa présence le Lieutenant de Vaisseau Anthony Dejean, officié en second de la  Formation Opérationnelle de Surveillance et d’Information Territoriale Méditerranée, autorité organique des 19 sémaphores en Méditerranée.

 

Comme chaque année également, le bateau de sauvetage, le Bailly de Suffren se trouve à proximité.  Danielle Mitelmann,  adjointe au maire a déposé une couronne à la mer aux côtés de Monsieur Thierry Maignan, membre de la SNSM, qui pilote le Bailly de Suffren aujourd’hui.

 

En notre nom à tous, merci à François Romano, le président de l’Association des Marins, Marins anciens-combattants, qui se dévoue sans compter, pour organiser cette journée de commémoration, toujours empreinte de ferveur et de dignité.

 

Fidèle à la mémoire des marins décédés,  rappelons que c’est lui qui a institué cette cérémonie annuelle à leur mémoire.   D’année en année, les familles des marins disparus ont de plus en plus de mal à venir jusqu’ici et c’est grâce à son énergie que nous ne les oublions pas.

Je tiens enfin à remercier l’ensemble des personnalités présentes aujourd’hui.

Mesdames et messieurs les présidents et représentants d’associations de Marins et de Marins anciens combattants,

Les présidents des associations patriotiques et leurs porte-drapeaux,

Georges Franco,  président des anciens combattants de Ramatuelle,

Odile Truc, présidente du Souvenir Français,

Mes chers collègues du Conseil municipal ainsi que les élus des communs voisines,

Monsieur le Curé,

Ainsi que l’ensemble des officiers et officiers mariniers présents à nos côtés,

Les élus du Conseil municipal, les membres des associations ramatuelloises se joignent à moi pour assurer aux familles notre profonde et fidèle sympathie,

Je vous remercie,


Reportage photo